Il y a un peu plus d’un an, une nouvelle inquiétante paraissait dans certains journaux : plus de 500 bébés « confiés »aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance se laissaient mourir au CHU de Nantes dans l’attente d’une place en pouponnière ou famille d’accueil. Si ce désastre a pu indigner dans les milieux concernés, il est passé largement inaperçu auprès de l’opinion publique. C’est pourtant une preuve de plus d’une protection de l’enfance dépassée et inadaptée n’ayant pas les moyens de sa politique. Car ces 500 nourrissons délaissés interrogent sur les ressources réelles de ce service publique. Un tel scandale aurait dû appeler à une enquête parlementaire sur le sujet, mais chacun préfère détourner le regard d’une dérive sociétale gravissime dont les conséquences sanitaires ne tarderont pas à sa faire sentir.
L’hospitalisme est l’une d’elle. Ce syndrome découlant d’une altération du développement psychomoteur du jeune enfant s’observe particulièrement chez les enfants placés marqués par de graves carences affectives. Un article du Figaro paru en début de ce mois, alerte sur le retour de ce trouble pour la première fois depuis la 2ème guerre mondiale. Ce même article explique entre autre cette réapparition par le manque de personnel au sein de la protection de l’enfance. Cette réalité ne doit pas occulter deux choses : la première étant que les services hospitaliers souffrent tout autant du manque de personnel, ce qui soulève la question des soins apportés à ces enfants. S »agissant de la seconde, le journal en ligne précise que ces bébés sont confiés du fait de la défaillance de leurs parents. Il est à rappeler que la mesure de placement est, selon la loi, censée être exceptionnelle. Ainsi, la défaillance des parents n’entraîne pas systématiquement, en théorie le placement des enfants.
Il existe en effet un éventail de solutions alternatives au placement. A noter qu’en cas de défaillance avérée des parents, des tiers dignes de confiance peuvent être désignés (famille, voisins etc…). Il est incompréhensible qu’une protection de l’enfance aux abois qui manque sensiblement de personnel (travailleurs sociaux et familles d’accueil) recourt aussi peu souvent aux autres outils éducatifs existants. Car le mal serait bien moindre pour les enfants placés en général et pour les nourrissons en question plus spécifiquement. Placer un enfant sans s’être assuré au préalable d’avoir la garantie d’une place en pouponnière en l’occurrence, ou en famille d’accueil, ne saurait relever de son intérêt supérieur. Les nourrissons spécifiquement ont des besoins physiologiques, affectifs et d’attentions particulières qui ne sauraient être comblés par un personnel en sous-effectif.
Car enfin, quel est l’intérêt supérieur de ces 500 nourrissons à se laisser dépérir dans un hôpital ? Quand les autorités prendront-elles la pleine mesure des séquelles dramatiques liées au parcours chaotique des enfants « confiés » ? Que deviendront ces 500 bébés dont la prise en charge est au mieux inefficace, au pire délétère ?