1er colloque européen pour dénoncer les abus envers les enfants

1er colloque européen pour dénoncer les abus envers les enfants

Samedi 3 septembre dernier se tenait le 1er colloque européen à l’hôtel de Ville de Paris en faveur de la lutte contre les abus commis à l’encontre d’enfants. A l’initiative de la fondation Guido Fluri et de l’association France Initiative Justice, l’événement réunissait de nombreux spécialistes tels qu’avocats, éducateurs spécialisés,  mais également des représentants de diverses associations (défense de parents, lutte contre l’adoption internationale illégale etc…). Bien que leur passage fut de courte durée et que l’occasion n’ait pas été donnée de les interpeller, quelques officiels ont également fait une apparition. Pour toutes solutions, seules celle de joindre le 119 et de multiplier les places d’accueil en foyers ont été évoquées pour répondre à l’augmentation des situations de dangers avérées ou supposées des enfants. C’est nier le grand drame qui se joue depuis déjà plusieurs années : des éducateurs et travailleurs sociaux épuisés devant l’ampleur de la tâche (« 40 familles à gérer » me confiait une travailleuse sociale de la région de Lyon), avec parfois des cas de plus en plus difficiles.

Ce climat génère de plus en plus de revendications de la part des professionnels, principalement d’ordre pécuniaire. Le bien-être des enfants qui sont les premiers à souffrir des dysfonctionnements de l’ASE est à peine évoqué. C’est également refuser d’énoncer le problème à la source de cette explosion de signalements, qui provient de l’incitation à ce qui peut être considéré comme de la délation, avec parfois, cela a déjà été vu, ayant pour origine des querelles de voisinage ou des conflits avec des enseignants. Aucune interrogation des responsables sur ce qui peut conduire à un déracinement total des enfants avec des conséquences irréversibles pour ces derniers et leur famille. Et pourtant, les antécédents de la France et de bien d’autres pays européens quant à la question des violences institutionnelles sur les enfants et leur famille a de quoi interroger.

Qu’il s’agisse des enfants dits de la Creuse dont le déplacement forcé a été organisé de manière systématique de l’île de Réunion en direction de l’Hexagone, des enfants issus d’unions entre les anciens colons belges et des femmes congolaise, séparés de leur mère et déportés dans des orphelinats, l’Europe devrait avoir suffisamment de recul pour analyser les effets néfastes de ces séparations forcées sur le long terme. Le choix s’oriente pour l’instant vers une fuite en avant. C’est l’amer constat du représentant d’IAM (Illegale Adoption Monde) lui-même victime de ce trafic d’enfants transnational en provenance du Guatemala, constatant que la France peine encore à reconnaître sur son territoire l’existence de trafic d’enfants en vue d’adoption illégale. L’affaire de l’arche de Zoe, loin d’être isolée n’est pourtant pas si loin dans les mémoires…

Il existe bien une caractéristique commune à tous ces témoignages poignants d’adultes marqués à vie par le déracinement et la séparation de leur famille que ce soit par le biais de l’adoption illégale, d’une politique de « repeuplement », ou tout simplement suite à une mesure de placement. Tous dénoncent une marchandisation de l’enfant et des dérives tendant vers des violences institutionnelles systémiques. La volonté politique ne semble pour autant pas à la hauteur de la tâche, malgré les quelques récentes reconnaissances européennes. On peut parler de celle des enfants de la Creuse ou encore de celle des enfants placés en Suisse il y a plusieurs décennies. Mais qu’en est-il de la question des réparations qui découle naturellement de celle de la reconnaissance du préjudice ? Qui et comment réparer par exemple les familles séparées par des années de mesures éducatives abusives en étirant au maximum le lien parent-enfant jusqu’à qu’il craque et que seul subsiste le constat froid d’une rupture de ce lien ? Comment réparer ces enfants placés victimes de violence sexuelles, psychologiques, au sein des foyers ou familles d’accueil, pour lesquels le mensonge de l’abandon de leur famille a été la seule réponse ? Cette thématique de la 3ème table ronde de ce colloque européen mérite encore réflexion. Mais toutes les conditions sont-elles réunies pour obtenir réparation dans un environnement qui efface les velléités des parents (refus des dépôts de plainte, menaces) et qui nie la parole des enfants ? Rien n’est moins sûr.

Ce premier colloque européen aura eu le mérite de jeter les bases d’un combat global contre les abus de tout genre envers les enfants. Car le système sait peser de tout son poids lorsque la situation à risque de l’enfant est du fait de sa famille, encore que… Mais c’est une toute autre histoire lorsqu’il s’agit de condamner des institutions supposées protéger nos enfants. Dans l’attente du prochain colloque européen, il reste encore beaucoup à faire au niveau national pour faire entendre la voix des familles. Unis pour nos Enfants aspire justement à œuvrer en ce sens.