Alors que le Conseil de l’Europe dit remettre en question la mise à l’écart de l’enfant pour le punir – le «time out» -, nous Unis Pour Nos Enfants rejoignons le collectif de 350 spécialistes de l’enfance qui s’oppose et propose un autre modèle d’éducation, qui conjugue fermeté et empathie.
Avec la loi anti fessée de 2019, l’association Stop VEO a pour objectif, en collaboration avec la Ville de Paris, de préserver les enfants de toute forme de violence et de faire valoir leur droit de ne pas être violentés de quelque forme que ce soit, mettant en avant l’expérience des pays nordiques, notamment la Suède.
Si l’objectif est louable, il est néanmoins à noter que le mot violence a été élargi à un très grands nombre de moyens ou actions que des parents, dans leur quotidien, peuvent utiliser ou commettre envers leurs enfants pour les éduquer, ou pour assoir leur autorité ou pour tout simplement leur faciliter la vie, comme élever la voix, laisser pleurer un enfant seul, ne pas écouter l’enfant, changer une couche de bébé devant tout le monde, forcer les enfants à mettre les habits choisis par leur parents, donner une fessée, bousculer un enfant, le forcer à manger, prodiguer des soins sans prévenir (par exemple arriver derrière pour nettoyer son visage ect), donner un bonbon ou une image si il s’habille tout seul, si il va au pot tout seul, ect.
Le message porté par l’association est que toutes ces indélicatesses, ces marques d’autorité, ces « chantages » sont des violences, et qu’elles sont toutes à faire cesser, car toutes sont des violences physiques ou psychologiques faites aux enfants et interdites par la loi.
L’association s’appuie pour cela sur un nombre d’arguments que l’on peut retrouver sur leur site internet.
Les auteurs partent du principe que « la notion de violence inclut l’usage de celle-ci quel qu’en soit son degré ».
Ainsi, chaque violence subie par un enfant produirait des effets néfastes pour son développement, pour sa santé physique et psychologique, dont la liste est longue (accroissement de l’agressivité, ralentissement du développement cognitif, traumatismes, pertes de mémoire, affaiblissement du système immunitaire, hypertension, ulcères, prise de poids, suicide…) ;
D’après l’association, elles entraînent la destruction des neurones dans une zone importante du cerveau et ces violences sont la raison des délinquances, des criminalités (voir leur site internet).
Toutefois, n’y aurait-il pas un danger à diaboliser d’une façon excessive la fessée et plus généralement, tous ces gestes ordinairement utilisés pour éduquer au risque de confondre une fessée avec de la maltraitance ?
N’y a-t-il pas un danger à ne plus faire de distinction entre une fessée circonstanciée et une torgnole intempestive qui défonce un visage ? En réalité, n’y en a-t-il pas une ?
La fréquence, la sévérité d’une violence ne sont-elles pas à prendre en compte et pouvons-nous mettre toutes ces violences au même niveau et même les qualifier comme « violences faites au enfants » ?
En ce sens, il nous semble nécessaire de rappeler l’importance de ne pas extrapoler les résultats de certaines recherches et le danger de faire croire, lorsqu’il s’agit de recherche sur la maltraitance, qu’elle s’applique à toutes formes de manifestation d’autorité qu’un parent pourrait avoir sur un enfant et qui sont aujourd’hui dénommées « violences éducatives ordinaires ».
Si nous lisons l’article de presse sur les nouvelles anomalies cérébrales associées à la maltraitance infantile (INSERM – Janvier 2022) mis en avant sur le site de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO), nous notons que l’étude a été menée sur des cerveaux post-mortem de personnes qui s’étaient suicidée : 28, dont 12 qui avaient une histoire lourde de maltraitance infantile ; que les chercheurs ont en effet observé chez les sujets lourdement maltraités au cours de l’enfance, des filets périneuronaux plus dense et plus nombreux avec des caractéristiques de maturation plus importante que ceux des autres individus ; mais que l’article conclu qu’il « reste à découvrir s’il existe un lien causal, c’est-à-dire si ces changements contribuent au développement de comportements associés à la maltraitance et de quelle façon ».
Tous les chercheurs sont prudents, et cette prudence selon nous, devrait s’imposer à ces associations.
Or la façon dont les actes usuels d’autorité sont présentés par ces association comme « violences ayant systématiquement des portées dommageables pour l’enfant » peut être très lourde de conséquences.
La loi dite anti fessée indique que « l’autorité parentale s’exerce sans violence physique ou psychologique (art 371 1 du Code Civil)). D’après le dictionnaire juridique, « la violence au sens du droit civil, est l’acte délibéré ou non, provoquant chez celui qui en est la victime, un trouble physique ou moral comportant des conséquences dommageables pour sa personne ou pour ses biens».
Ainsi, une telle théorie, non seulement induit l’idée que 85% des parents sont maltraitants mais elle introduit dans la société et chez les professionnels de l’enfance une peur dont les conséquences peuvent être bien plus néfastes qu’une fessée pouvant aller jusqu’à placer des enfants pour une gifle, considérant que c’est de la maltraitance.
De fait, avec la loi de 2016, avec le principe de précaution, avec une définition extrêmement élargie du terme violence et avec les campagnes d’incitation à appeler le 119 au moindre soupçon, nous avons l’impression d’une machine qui s’emballe… avec une très nette augmentation du nombre d’enfants retirés à leurs parents sans que cela ne soit réellement justifié.
Nous souhaitons alerter donc contre cette face cachée de ces lois et les dérives que peuvent entraîner des discours trop alarmants pour des faits et gestes qui étaient considérés comme « positifs » il y a peu de temps par la société et universellement pratiqués (même chez les animaux) pour éduquer les enfants à la vie en société.
Si nous sommes bien conscients qu’un enfant ne s’élève dans la violence maltraitante, et qu’en aucun cas cette violence ne pourrait être une voie éducative, lorsque nous lisons, dans la Déclaration de philosophie de l’OVEO d’Avril 2021, « que l’idée même d’attendre l’obéissance de la part d’un enfant est problématique », nous nous posons la question de savoir si c’est cela qui est voulu par le Conseil de l’Europe et si ces nouvelles lois vont vraiment dans le sens de l’intérêt des enfants et de la société.
A preuve du contraire, aujourd’hui en France, le collège obtenant les meilleurs résultats scolaires au brevet des collèges reste le Collège de France, collège réputé pour sa discipline.
Par ailleurs, aujourd’hui, des études scientifiques mettent en parallèle des risques de suicide chez des jeunes avec le caractère trop « bienveillants » de leurs parents. https://www.planetesante.ch/Magazine/Bebes-enfants-et-adolescents/Etre-parent/La-montee-en-puissance-du-parent-helicoptere.
A regarder de près, les chiffres de suicides en Suède laissent à penser qu’il y aurait une remontée du taux de suicides chez les jeunes de 15 à 24 ans et que la baisse des taux de suicide depuis l’interdiction des fessées en 1979 a bien plus concerné les tranches d’âge supérieur, soit celles non concernées par la mesure…
Source : Suicide in Sweden | Karolinska Institutet (ki.se)
De même que l’explosion du nombre de jeunes voulant changer de sexe en Suède semble plutôt transparaître un signe de très grand mal-être plutôt que de bien être chez ces jeunes.
Enfin, ironiquement, ce qui est présenté par l’association Save The Children comme « Children’s World Map des pays ayant interdit toute violence corporelle sur les enfants » semble être la carte des pays les moins féconds, où les enfants se font rares, voir innexistants…
Taux de fécondité par pays dans le monde en 2021 d’après the World Factbook (CIA)
Mais revenons aux fondamendaux. Le dictionnaire Oxford définit le terme violence comme étant « un comportement impliquant une force physique destinée à blesser, endommager ou tuer quelqu’un ou quelque chose ». Il nous semble important de repartir de cette définiton pour distinguer ce qui est violence de ce qui ne l’est pas.
Par ailleurs, plutôt que de harceler et stresser les parents sur leurs méthodes d’éducation, peut-être que ce dont les enfants et familles auraient le plus besoin aujourd’hui c’est d’un peu plus de disponibilité de la part des parents, un peu plus d’insouciance, ce qu’aujourd’hui notre société permet peu.
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Unis Pour Nos Enfants rappelle que d’après les derniers chiffres de la DRESS, entre 2016 et 2020, le nombre d’enfants placés à l’aide sociale à l’enfance a augmenté de 23%. En seulement 5 ans, 35 000 enfants de plus ont été retirés à leurs parents au nom de la protection de l’enfance. Ils étaient à fin 2020, 199 530 enfants à être « accueillis à l’ASE ».
Le nombre de mineurs en France étant de 15 232 067 à fin 2021 d’après l’INSEE, il y donc en France plus d’un enfant sur cent placé. Ce qui est considérablement élevé. Le nombre d’infanticides intrafamiliaux en 2018 était de 53 d’après l’ONPE (soit 1 enfant sur 287 400).
D’après le CNCDH, nous faisons partie des pays européens où les enfants sont le plus retirés à leurs parents pour être « placés ». Le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) dans un rapport de 2018, évalue qu’en 2016, un enfant placé en établissement « coûte » aux contribuables 1 million d’euros sur 10 ans.
Pour la plupart de ces parents d’enfants placés, c’est une grande souffrance au quotidien lorsqu’ils voient le lien avec leurs enfants se détériorer. Cela l’est d’autant plus lorsque c’est sur la base de soupçons et/ou de motifs exagérés (comme une gifle), voire infondés. Cela devient une torture lorsqu’ils voient leurs enfants être détruits par le système de protection de l’enfance, tant par les violences physiques et morales subies dans les foyers (harcèlement, viols, prostitution…), que par la mise en hypothèque de leur avenir (1 SDF sur 4 est un ancien enfant placé, 22% des enfants placés sont, à 17 ans, déscolarisés, 70% sortent sans diplôme) alors qu’ils ont l’impression qu’ils auraient pu leur offrir un meilleur avenir. Les traumatismes sont considérables, tant du côté des parents que de celui des enfants.